L’être se dit en plusieurs sens chez Aristote

Il en est du mot Être comme du mot [35] Sain, qui peut s’appliquer à tout ce qui concerne la santé, tantôt à ce qui la conserve, tantôt à ce qui la produit, tantôt à ce qui l’indique, et tantôt à l’être qui peut en jouir.

Aristote, Métaphysique, Livre 4 (gamma), Chapitre 2 §1, 1003a

À l’être s’applique l’un des possibles ouverts par l’Être en tant qu’Être : par exemple au sain correspond l’exercice ou la nutrition, ou le pharmacien et le médicament, ou le médecin, ou le patient, tandis que l’être détermine l’un parmi l’union. Car l’être fait le choix d’un comportement : choisir l’être fait perdre de sa substance mais gagner une tension sur sa détermination. Si ‘humain & animal’ a fait son choix adaptatif plutôt culturel, il déchoit du paradis où il avait tout et choisit la connaissance, ce résultat, en adaptant le fruit de la vie.

Wittgenstein, recension des matières VI

L’emploi du mot « je » est une forme de re-présentation fallacieuse de notre langage

Ludwig Wittgenstein, Remarques philosophiques, traduction Jacques Fauve, Gallimard page 19

57 Car ‘je’ propose un niveau de langage personnel pour dire les choses impersonnelles, en particulier pour « l’expérience vécue immédiate » du corps qui est au niveau des choses : elle est une fonction -re de présentation, une initiative pour dire ce qui échappe à l’initiative. (Une re-présentation est une présentation faite par le langage-reflet des choses.) Ceci « en particulier » parce qu’il y a d’autres cas de présentation fallacieuse du langage ; ainsi une sonorité ou une graphie pour dire une chose, par exemple ‘table’, ou pour parler de l’avenir et du passé qui ne sont pas.

Empirisme et logique dans les prolégomènes aux Recherches logiques de Husserl

Dans le chapitre sur les conséquences du psychologisme, Recherches logiques, tome premier, Prolégomènes à la logique pure page 65 de l’édition PUF de 1959, Husserl écrit : « Plaçons-nous pour l’instant sur le terrain » qui dessine le cercle de la logique dans celui de la psychologie « et supposons, par conséquent, que les fondements théoriques essentiels des prescriptions logiques se trouvent dans la psychologie. »

Wittgenstein, Remarques philosophiques, Recension des matières 5

47 « Rien ne nous frappe lorsque nous regardons autour de nous [l’espace physique] parce qu’il n’y a pas de contre-forme opposée à la forme de notre monde » : on est frappé seulement s’il y a la forme d’un espace logique, d’un système de catégories ou bien de coordonnées, le redoublement qui fait ce que la chose-même est, disons comme un signe sur un calque, sur une carte routière, venant frapper ce à quoi elles collent.

Que le monde aille de soi, s’exprime justement en ce que le langage n’a que lui et ne peut avoir que lui pour référence.

Ludwig Wittgenstein, Remarques philosophiques, traduction Jacques Fauve, Gallimard page 18

Husserl, Recherches logiques, chapitre 3

Page 53 §17 « La controverse » porte sur le point de savoir si les fondements de la logique sont psychologiques : si la psychologie est l’univers qui nous contraint. Car comme toute pensée, la logique est une excrétion du corps : de la « technologie chimique ».

Wittgenstein, Recension des matières IV

39 « Si je ne vois que du noir et dis que ce n’est pas rouge, comment sais-je que je ne dis pas un non-sens » ? Le noir est la privation de toutes les couleurs ; ‘ce n’est pas rouge’ est la négation ouvrant toutes les couleurs sauf le rouge ; privation-négation est autant un non-sens que fermeture-ouverture ; je sais que je dis un non-sens car je ne donne pas de signification à la liaison ‘-’ et donc en ne générant aucun sens.

Le non-être dans le Sophiste de Platon

Le texte du Sophiste de Platon d’où nous tentons de pêcher quelques remarques impressionnistes pour pénétrer des mystères d’Éleusis peut être téléchargé en ligne afin de pouvoir rechercher des chaînes de caractères.

Il nous faudra nécessairement, pour nous défendre, mettre à la question la thèse de notre père Parménide et prouver par la force de nos arguments que le non-être est sous certain rapport, et que l’être, de son côté, n’est pas en quelque manière. – Évidemment, c’est là le point à débattre dans notre discussion.

Platon, Le Sophiste, page 169 : https://beq.ebooksgratuits.com/Philosophie/Platon-sophiste.pdf

La chose et la fonction

Pour se défendre, Platon renverse la thèse de Parménide : l’être n’est pas, le non-être est, mais en distinguant la chose et la fonction car la fonction non-être ‘est’, en mettant en rapport les choses que des éléments fabriquent, éléments qui étaient et choses qui seront, et qui ne ‘sont’ pas au présent sans la manière de les prendre pour les fabriquer c’est-à-dire de les couper et de les lier.

Husserl, Recherches logiques, chapitre 2

Page 30 §13 La logique « en tant que technique […] que nous venons d’exposer » comme la forme soumettent les contenus.

La logique est une fonction de forme tandis que la psychologie est une fonction de contenu. La logique passe dans l’intelligible technique quand elle touche les choses sensibles ou dans l’intelligible eidétique quand elle regarde les liens absolus. Par exemple, la logique de forme voit l’inhérence recto verso ou surface couleur tandis que la logique de forme pure voit la réduction et la visée œil mire guidon quand elle regarde x→F→F(x) où la fonction F est un rapport de force.

« Pratique » depuis Kant signifie ‘qui influence et gouverne’ : la logique, comme les sciences, est « orientée vers la pratique » avec des « critères objectifs » page 31 « et, par suite, [conçue] comme une technologie […] appliquée, donc pratique. »

Wittgenstein, Recension des matières III

Éliminez du langage l’élément de l’intention, c’est sa fonction toute entière qui s’écroule.

Ludwig Wittgenstein, Remarques philosophiques, traduction Jacques Fauve, Gallimard page 15

20 Éliminer les éléments d’une structure c’est comme ne pas accommoder avec les yeux : plus de perspective, plus de grand ni de petit, de proche ou de lointain. Comme si l’intention de la psychologie et la logique étaient analogues. Car le langage obéit à « l’élément de l’intention » : à l’élément d’une structure longue, aux dualités de rails qui semblent converger et des croisements, comme la composition des gestes et du regard obéissent à la psychologie quand on a une intention. Les rails sont à la continuité comme les croisements sont à la composition. Alors si l’on ne préserve pas à la fois la grammaire des structures et de la psychologie, la fonction du langage s’écroule.

Wittgenstein prend l’exemple d’une structure en rails de chemin de fer pour illustrer l’illusion psychologique qu’ils ne seraient pas parallèles, pour donner l’objet logique du théorème de Thalès qui soutient l’analogie et la pondération, et l’exemple d’une suite infinie tendant vers le point de perspective un.

Husserl, Recherches logiques

Husserl, Recherches logiques, Préface de la première édition

Le quantitatif n’appartient nullement à l’essence la plus générale des mathématiques ou « sciences formelles »

Husserl, Recherches logiques, préface de la première édition, page viii

La question est d’abord celle des vues intelligibles « pures », ce que l’on voit en mathématiques, et la mécanique de production de ces vues de l’esprit, en particulier la déduction, « avec son unité formelle et sa méthodologie symbolique » : la généralisation par les formes et les symboles plutôt que les contenus matériels tels les nombres. Ensuite en quoi le formel de la mathématique renseigne le formel de la logique.

La psychologie empêche de voir l’objectivité que voit la logique, par exemple qu’un trait est un pointillé.