Empirisme et logique dans les prolégomènes aux Recherches logiques de Husserl

Dans le chapitre sur les conséquences du psychologisme, Recherches logiques, tome premier, Prolégomènes à la logique pure page 65 de l’édition PUF de 1959, Husserl écrit : « Plaçons-nous pour l’instant sur le terrain » qui dessine le cercle de la logique dans celui de la psychologie « et supposons, par conséquent, que les fondements théoriques essentiels des prescriptions logiques se trouvent dans la psychologie. »

« La psychologie est une science des faits et, par suite, une science empirique » : l’empirisme est une science qui engage les processus, qui implique ce qu’il se passe, dont les actes dépendent.

Alors schématiquement les processus entourent et génèrent les actes, ce qui correspond au schéma de la fonction qui est une relation de n à 1.

Or les lois de la psychologie « ne sont que des généralisations de l’expérience » et non des « lois véritables » : que peut une périphérie « bien vague »  comme « les lois de l’association des idées » générer de logique ?

Page 66 En conséquence : « premièrement. » Le vague ne peut générer que le vague car selon la table de vérité, ‘faux génère vrai’ est le cas invalide. Par conséquent, vague, flou périphérique et empirisme vont ensemble dans le même lieu logique : « des lois seulement empiriques » sont « approximatives. »

Si « la mathématique pure, comme le pensait Lotze » appartient à la logique sa validité est la même du fait de son appartenance au même domaine de définition.

Page 67 « Deuxièmement. » La psychologie obéit à « des lois naturelles » mais non « connaissable a priori, ni susceptible d’être elle-même fondée d’une manière parfaite. » Car « l’induction » ↑ donne une « probabilité » et la logique ↓ ne serait que probable à l’intérieur de ce contexte. Or « l’évidence apodictique » est déductive mais n’est pas à « présumer ».

La logique pourrait ne pas se vérifier si la périphérie empirique de « notre champ d’expériences » s’élargissait hors sujet.

Page 68 « Nos lois logiques » ne feraient que s’approcher d’une validité inaccessible et ne seraient « que des « approximations » » comme le sont les « lois naturelles » qui tentent la validité absolue dans le cadre d’intervalles d’erreur.

« Or, si la conséquence obligatoire d’un fondement de la logique sur la psychologie est absurde, cela prouve qu’il est lui-même absurde » car selon la table de la loi, si ‘B génère une conséquence A’ est absurde, ce fondement B est lui-même absurde.

Page 69 « Contre la vérité même » d’une table de vérité, « la plus forte argumentation psychologique qui soit ne saurait réussir ». Puisqu’elle ne donne qu’une présomption, « la probabilité ne peut lutter contre la vérité ».

Une table de vérité donne la « vérité en soi » c’est-à-dire son système, et la vérité-même c’est-à-dire le redoublement entre vrai et validité, entre éléments d’un jugement et validité du jugement entier ; par exemple les éléments ‘conséquence obligatoire A’, ‘fondement de la logique sur la psychologie B’, et le jugement ‘B génère A’.

Pour les empiristes, éléments, ensembles, liaisons, construisent les « processus psychiques » des « jugements qui surgissent comme parties finales de ces processus » avec un « caractère de conséquence nécessaire » puisque ce surgissement est une fonction qui ne néglige aucun élément d’arrivée. Or ‘caractère’ qualifie un acte en termes psychologiques pour dire un « processus organique, que nous appelons la vie humaine. » Alors le processus est par définition empirique et l’acte est empirique en tant que psychologique : « Comment voudrait-on, dans ces conditions, qu’il en résulte autre chose que des généralités empiriques ? »

Tandis que « toute logique » a des lois « supra-empiriques ».

Laisser un commentaire